Culture

Publié le mardi 21 novembre 2023

Depuis le 2 octobre 2023, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont entamé des fouilles archéologiques dans le quartier Saint-Gervais à Avranches, en amont des travaux d’aménagement urbain portés par la Ville. Un premier bilan a été fait vendredi 18 novembre 2023.

Des vestiges de l’Antiquité gallo-romaine

Sur la moitié est du parking, des murs, des sols et des niveaux de démolition de bâtiments d’époque gallo-romaine sont apparus, affleurant sous les remblais du parking actuel. Ces aménagements, relatifs aux quartiers d’habitation et d’activité situés au nord de la ville romaine (Legedia), il y a deux-mille ans, sont inégalement conservés. Largement arasées lors de la création du parking au début des années 1980, les maçonneries romaines avaient déjà été en partie démontées à la fin de l’Antiquité et leurs matériaux récupérés. Elles avaient de nouveau été perturbées par diverses constructions au cours des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Phénomène surprenant, déjà pressenti à l’issue du diagnostic archéologique de 2021 et qui reste à confirmer, quelques-uns des murs romains arasés semblent opportunément réutilisés treize siècles plus tard, pour assoir certaines des maisons bordant les rues d’Orléans et Gendrin Dumesnil.

La problématique des « terres noires »

La moitié ouest du parking (env. 850 m²), située plus en hauteur, est riche en « terres noires », des accumulations organiques typiques de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen-Âge (soit de 500 à 1000 ans ap. J.-C. environ). Compte tenu de la hauteur des remblais à cet endroit et de la côte de fond de forme (côte maximale du projet d’aménagement à venir), la fouille manuelle s’est limitée aux niveaux d’époques moderne et contemporaine. Pour sonder les niveaux plus profonds, les archéologues ont eu recours à des méthodes géophysiques (détection d’anomalies dans le sol à l’aide d’un géoradar). Les premières analyses d’images montrent que d’autres vestiges sont conservés sous les terres noires, tels que des constructions en dur, des murs gallo-romains et de possibles creusements (fosses ou tous de poteau) étagés dans ces accumulations, signes d’une occupation persistant durant la période médiévale.

Des objets, des émotions

La fouille manuelle a permis de collecter et de positionner en 3D de nombreux objets du Moyen Âge, au fur et à mesure de leur découverte. Parmi les objets recueillis : de nombreuses monnaies (bronze et argent), des épingles en bronze (peut-être de coiffe), un fragment de sceau en bronze, des appliques décoratives ainsi qu’une agrafe à double crochet caractéristique de l’époque mérovingienne.

Chose émouvante, des traces de pas visibles grâce à des chaussures cloutées laissées sur un sol en chaux.

Et en très bon état, le mur du 1er siècle qui longe l’ancienne voie romaine, grand axe nord-sud nommé le « cardo ». Il donnait accès aux habitations et aux boutiques.

 

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