Culture

Publié le vendredi 11 mars 2022

 

Deux manuscrits viennent de faire l’objet d’une consolidation technique réalisée par l’atelier des Liens de la mémoire. Maître artisan d’art, relieur spécialisée en conservation des documents patrimoniaux, cette année, Anne Liégard, s’est occupée durant une trentaine d’heures du manuscrit 105.

Produit au scriptorium du Mont Saint-Michel au début XIe siècle, ce volume est un recueil de textes de différents auteurs comme Augustin, évêque d’Hippone (354-390), Isidore, évêque de Séville (v. 560-636) et Julien, évêque de Tolède (642-690). Dégradé par le temps, il avait bien besoin d’une intervention de sa part !

 

 

Comme vous pouvez le constater, la reliure des années 1660 présentait quelques lacunes, les coins étaient émoussés et un peu affaiblis, alors que les tranchefiles de tête et de queue offraient diverses difficultés :

Parmi les principaux points, on observe également un grignotage peu étendu, sur une tranche, mais concernant de nombreuses pages. Ceux-ci ne demandent aucune intervention spécifique :

Les plats étaient désolidarisés du corps d’ouvrage :

Enfin, le dos était lacunaire par endroits, les coiffes sont absentes et des morceaux sont détachés :

L’objectif de la mise en état de conservation de ce volume est clair, il convient de redonner à ce recueil ses propriétés mécaniques : s’ouvrir, se refermer et protéger le texte. Reprenons ensemble les étapes essentielles :

  • Le dépoussiérage manuel des fonds de cahiers :

Petite surprise ! Des poils, des brindilles, de la paille et autres éléments sont extraits lors du dépoussiérage manuel. Ceux-ci sont collectés et restitués puisqu’ils font partie de l’histoire de ce volume.

 

  • Le gommage à la gomme en poudre de certaines pages :

Si la photographie ne permet pas de se rendre compte concrètement, cette opération révèle une partie des écritures qui étaient illisibles jusqu’alors.

  • La pose de nouvelles claies, charnières et soufflets :

  • La couvrure demande beaucoup de travail : rattachement des plats, reconstitution des mors et des coiffes au papier japon :

 

 

 

L’emploi de papier japon plutôt que celui du cuir permet de combler avec des matériaux au potentiel hydrogène (pH) neutre, qui dureront dans le temps et assureront la réversibilité du travail mené. Très fin et solide, le papier japon est une solution qui évite le ponçage ou l’élagage de la couvrure du XVIIe siècle. Par ailleurs, toutes les anciennes étiquettes sont laissées en place afin de préserver les traces de son histoire.

 

 

 

 

  • La consolidation des cartonnages sur les zones affaiblies :

L’objectif n’est pas de refaire à neuf, mais de réparer ce qui doit l’être (et uniquement ce qui doit l’être). L’ouvrage conserve ainsi son âme. La différence de teinte est volontaire. Au premier coup d’œil, tout un chacun peut constater qu’une intervention a été réalisée (et ce, même en cas de perte du dossier technique). Cette lisibilité est extrêmement importante pour l‘avenir de ce précieux volume de manuscrits (codex).

  • Et, enfin, l’ouvrage terminé :

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