C’est désormais chose bien connue : à l’emplacement de l’actuel quartier Saint-Gervais, se trouvait le forum, c’est-à-dire le cœur de la cité gallo-romaine et le cardo, un des axes principaux de cette cité. Comme la fouille de 2024 étend la zone de décapage sur environ 2 500 m², elle permet d’étoffer considérablement les observations précédentes. La phase de fouilles préventives se tient actuellement au pied nord de la basilique et sur le parking Saint-Anselme.

Précisions, confirmations et raccordements

• Le forum : centre politique, civique, religieux et commercial de la cité romaine, sa présence était pressentie à l’ouest de la place, avec des boutiques et des habitations se développant à l’est. Les recherches au sol confirment que l’ensemble architectural du forum, composé de bâtiments administratifs et de galeries de colonnades, a évolué au cours du temps. Le granite, pierre locale, était la principale ressource utilisée dans les premiers états. Puis, un calcaire, plus luxueux et d’origine plus lointaine, a été importé et utilisé par les artisans dans la dernière phase d’embellissement. Des fragments de colonne, d’un diamètre de 75 cm environ, ont été retrouvés par les archéologues. Ils laissent supposer l’existence d’un monument public approchant les 20 mètres de haut. Sur les murs et les sols des galeries, des traces d’incendie ou de foyers repérées suggèrent que ce monument aété occupé sauvagement, après sa désaffection aux V^e-VI^e siècles.

 

• Le cardo : axe de circulation principal qui traverse la cité romaine du nord au sud, il avait été identifié dans les années 1980, lors des fouilles menées par l’historien Daniel Levalet. Il suivait approximativement le tracé des rues Saint-Gervais et des Chapeliers et était bordé d’espaces de galeries. La présence du cardo et des galeries,  et des niveaux de circulation et d’occupation médiévaux étaient confirmés par le diagnostic préventif réalisé en 2016 par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives).  Cette année, le tracé des galeries bordant chaque côté de la rue a pu être précisé par géoradar. Sous les « terres noires » (accumulations organiques typiques de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen-Âge) qui couvrent la moitié ouest de la 3e zone de fouille, se dévoilent les différents niveaux de chaussée de la grande rue romaine, ceux datant du I^er-V^e siècle, ainsi que ceux des VI^e-XI^e siècle, puisque l’usage de cette voie a perduré une partie du Moyen Âge.

 

• Des tombes médiévales et modernes du cimetière paroissial de l’ancienne église Saint-Gervais ont été révélées lors de travaux sur les réseaux. Elles se situaient le long de la basilique actuelle.

À l’est de la rue romaine, les maçonneries, les sols et les latrines de maisons d’Époque moderne apparaissent tout juste sous le bitume du parking. Elles recouvrent et parfois réutilisent les murs des maisons romaines sous-jacentes. Les aménagements de ces maisons antiques se raccordent progressivement aux vestiges découverts dans le secteur 2 fouillé fin 2023, de l’autre côté de la rue Ormond.

Des objets remarquables

La fouille actuelle livre un abondant mobilier métallique : monnaies, boucles de chaussures, épingles, etc. Ces objets attestent que le secteur, déjà occupé à l’époque gallo-romaine, est resté très fréquenté par les élites locales, mais aussi l’ensemble de la population, au Moyen Âge.

Deux éléments exceptionnels ont été découverts : une matrice de sceau ayant appartenu à un dénommé Jean Gitoun, membre du clergé, et une enseigne de pèlerinage représentant l’archange saint Michel terrassant le dragon (XV^e siècle).