La vie de famille, source inépuisable d’inspiration

L’exposition retrace ses origines familiales, sa formation parisienne auprès de grands noms de l’art français du tournant du XXe siècle, les liens intimes et très étroits au sein de sa famille qui, toujours, a été source féconde d’inspiration. De son jardin suspendu sur les remparts de la ville, véritable écrin végétal foisonnant, il aime mettre en scène ses proches dans des compositions empreintes de sérénité.

Albert Bergevin, Lassitude, vers 1923, 156 x124 cm, huile sur toile, coll. partic. Exposé au salon d’Automne en 1923

 

 

Avranches, décor d’inspiration privilégié

Dessinateur talentueux, et observateur minutieux du monde qui l’entoure il prend note des événements du quotidien, des particularismes locaux, s’intéresse aux métiers, aux devantures d’échoppes ; parfois il peint avec vigueur des événements singuliers comme la Fête-Dieu, le passage du cirque et des nomades qui animent la ville au crépuscule, les manèges d’enfants qui apportent mille couleurs à la cité de granit… Car le peintre s’intéresse à cette vie qui fait battre le cœur d’Avranches. Ses scènes de marchés sont parmi les plus remarquables de son œuvre avec une recherche graphique et picturale sans cesse renouvelée.

Le marché, Place Littré

La baie du Mont Saint-Michel : décor de vacances et de contemplation

Les paysages qui l’entourent offrent également à Albert Bergevin des sujets d’inspiration pour ses vues de la baie du Mont Saint-Michel. Il sait avec une force et une vigueur d’une rare justesse peindre ces ciels extraordinaires qui offrent au peintre et coloriste une matière inépuisable. Car, Bergevin est bien un coloriste, un artiste qui sait capter les subtilités lumineuses d’un ciel dont la lumière, filtrée à travers le cumulus se teinte de bleu, de violet ou de jaune d’or. Les bouquets, jardins, natures mortes sont autant d’autres sujets de prédilection pour lesquels la sélection d’œuvres dévoile la richesse et la diversité artistique ainsi que les approches stylistiques.

Au bord de la baie, sans date, huile sur carton, 59 x 39 cm. Avranches, musée d’art et d’histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Derrière cette exposition rétrospective surgit l’image d’un homme extraordinaire, d’un artiste intègre, humble et libre de toute idéologie artistique, uniquement préoccupé par son art, sa vision de la peinture et à travers celle-ci du monde qui l’entoure et qu’il sait sublimer dans ses œuvres.

Influences stylistiques

Dans un art moderne en pleine émergence, l’art d’Albert Bergevin s’approche de la « Jeune peinture française », mouvement du réalisme renouvelé piqué de sensualisme.
Ses premières productions artistiques sont classiques, passage obligé du débutant. Il s’adonne également à la caricature où, plus libre, il explore avec bonheur les plaisirs du trait. Comme tout apprenti peintre, il se cherche – auprès des impressionnistes, du naturalisme, de l’esthétique Art nouveau…
Influencé par les nabis (Denis, Sérusier) ou le synthétisme (Gauguin), il effleure aussi le cubisme, notamment dans ses vues de toits. À la veille de la Grande guerre, il a trouvé sa technique mais pas sa voie. Ainsi, des critiques évoquent, à propos des œuvres qu’il présente dans les Salons entre 1911 et 1913, les noms de Bonnard, Cézanne, Raffaëlli, Maurice Jourdain…
Son style semble étroitement lié au sujet. Dans ses scènes intimes, la couleur est vive, disposée en à-plats, la matière fine, les compositions synthétiques, les formes parfois anguleuses. Les années passant, il se fait plus lyrique, expressif et grave, avec une palette restreinte.
Albert Bergevin incarne l’équilibre qui caractérise cette mouvance entre modernité artistique et refus des bouleversements du tournant du XXe. Sa profonde sensibilité s’exprime loin de toute contingence matérielle et détachée de tout souci de plaire.

Procession Place d’Estouteville, 1911 ?, huile sur toile, 99 x 49,5 cm – Avranches, musée d’art et d’histoire. Restauré avec l’aide du FRAR 2024.

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