Séverine Ozouf travaille en tant que documentaliste au lycée de la Providence d’Avranches depuis la rentrée 2012, après l’avoir été au collège Notre-Dame de la Providence et à l’Institution Sévigné à Granville. Elle n’a donc pas de classe ; elle travaille dans un centre de documentation et d’information (CDI). Le CDI du lycée est un grand espace confortable, doté de tables, de poufs, d’étagères de livres, d’ordinateurs ou encore d’alcôves pour travailler discrètement en petits groupes. Séverine y reçoit les classes ou les élèves en individuel. « Je suis présente 30 heures, globalement aux heures de cours, mais aussi deux midis et un soir en horaire tardif, chaque semaine » explique-t-elle.

 Quel est votre rôle au quotidien dans la scolarité des lycéens ?

« Ma mission est de faire passer les notions de recherche documentaire. Et comme notre source est papier, la gestion des collections et des ressources est aussi de mon ressort. C’est un métier assez récent ; le Capes documentaliste a été créé en 1989. À l’époque, il s’agissait d’apprendre aux élèves à mener des recherches dans des encyclopédies, à utiliser des index et des thesaurus, etc. Mais depuis, l’informatique est arrivée et désormais tout passe (ou presque) par Internet. »

 L’arrivée du numérique a-t-elle changé votre métier ?

« Oui. L’habitude de consulter une documentation en bibliothèque n’existe pas (plus) chez les jeunes, et les professeurs, eux-mêmes, ont le réflexe web. La plupart des livres ne sortent pratiquement pas. Cela dit, en collège ou en lycée, c’est très différent, nos jeunes n’ont pas les mêmes centres d’intérêt ni les mêmes disponibilités. Les collégiens à qui je présentais des titres repartaient facilement avec les livres proposés, tandis que les lycéens, eux, ont déjà des lectures obligatoires pour leurs cours et ne peuvent pas toujours en accepter d’autres. C’est mon expérience en tout cas, et je crois également que chaque documentaliste fait vivre son CDI à sa manière. » 

Comment faites-vous vivre votre CDI ?

« Je travaille en individuel avec l’élève sur une heure où il n’a pas cours, ou en ateliers avec une classe. Dans ce cas, le professeur vient au CDI sur son heure de cours, mais c’est moi qui anime l’atelier. J’aborde des thématiques comme le langage non verbal dans le cadre de préparation à l’oral, ou à la gestion du stress. J’apprécie de travailler les questions du développement personnel et des méthodes d’apprentissage liées à la personnalité de chacun. J’ai développé un atelier d’aide individualisée pour « apprendre à apprendre ». Car je me suis rendu compte qu’on nous répète toujours « Apprends » ou « Tu n’as qu’à apprendre », mais on ne nous explique jamais comment faire pour apprendre. Lors d’une formation sur les neurosciences suivie avec une collègue, nous nous sommes dit qu’il y avait matière à faire quelque chose. Nous avons donc créé un atelier que nous avons testé dans sa classe d’anglais. Puis, je l’ai mis en place seule. Et maintenant, j’aide depuis 5 ou 6 ans les élèves qui en font la demande.

Pour bien apprendre, il faut d’abord se connaitre. Savoir si on est auditif, visuel, kinesthésique, ou un mix de ces canaux d’apprentissage. Puis s’approprier les outils adéquats, comme la carte mentale, le sketch-note, les flash cartes, des tableaux effaçables ou autre outil à manipuler, ou savoir que notre solution, c’est de s’enregistrer et se réécouter, ou de répéter en marchant, en sautant, ou en faisant mine d’être le professeur, etc. Déterminer comment on fonctionne pour appréhender un sujet, le structurer et pouvoir le mémoriser. Donc avec eux, je reprends un cours et avec des couleurs, on décortique : le squelette, les informations principales, … Bien sûr, cet accompagnement requière que l’élève soit volontaire, même demandeur. Là je me sens utile ! »

En 2023, Séverine Ozouf a mené un projet original avec les élèves de seconde professionnelle autour d’une ressource documentaire :  une série de clichés retrouvés dans le grenier du lycée, réalisés par Armand Le Nohan (photographe établi Rue de la Constitution) entre le 7 et le 10 juin 1944, lors des bombardements d’Avranches. Ils ont retrouvé les lieux photographiés et les ont photographiés aujourd’hui avec des téléphones portables. Associées par binôme, les photos d’hier et d’aujourd’hui ont constitué une exposition. Celle-ci, après avoir été montrée dans l’enceinte du lycée a pris place du 1er février au 31 mars 2024 au Scriptorial.

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