La réhabilitation du site qu’occupait l’usine à gaz est un des grands chantiers engagé par l’équipe municipale. Bientôt, Avranches comptera un nouvel espace public naturel et vivant, doté d’un grand intérêt pédagogique sur le processus choisi pour l’assainir ; vivable pour ses riverains. Une action qui s’inscrit dans une politique forte en faveur de la préservation de l’environnement, de la biodiversité et de la nature. Un chantier qui va concourir aussi à l’attractivité de la ville en prolongeant le Jardin des Plantes et en offrant un nouveau balcon sur le Mont Saint-Michel.

Etape 1 : un long chantier de dépollution

Le site : situé à côté du Jardin des plantes, entre le chemin de la Boutonnière et la rue des Nus-Pieds, une parcelle de 3500 m2 à l’abandon depuis que l’usine à gaz qui s’y trouvait a fermé dans les années 1980. L’Etablissement Public Foncier de Normandie ( EPFN) mandaté pour être maitre d’œuvre, s’est entouré de bureaux d’études experts en matière de dépollution et de fonctionnalisation des sols afin de déterminer précisément la nature et l’étendue des polluants. Très rapidement un risque de diffusion de cette pollution est avéré rendant le traitement urgent.

Le risque de mouvements de terre et la nécessité de respecter l’équilibre déjà en place impose une gestion délicate du site. La stratégie du phytomanagement a été choisie.

Ainsi, depuis fin 2022, la parcelle fait l’objet d’une véritable réhabilitation.

1. DÉMOLITION DES BÂTIMENTS NON RÉUTILISABLES

Le 17 octobre 2022, a commencé le défrichage. Des études et des essais complémentaires sur la dépollution du site ont été menés. Suite à la découverte de cyanure dans les bâtiments, ceux-ci ont été désamiantés. Au total,  747 m2 de constructions ont été abattues.

2. TERRASSEMENT & REMBLAIEMENT

Ont suivi la dépollution des vestiges, le traitement du site et le retrait des ouvrages enterrés, puis le tri et l’acheminement des débris (2300 tonnes de terres). Les sources concentrées, c’est-à-dire les zones renfermant la plus grande partie de la pollution, ont été excavées et évacuées. 

3. INSTALLATION DU DISPOSITIF PHYTOSANITAIRE

Pour agir sur les résidus de pollution contenus dans les couches qui ne peuvent être déplacées, il est fait appel à des plantes capables de les contenir et de les dégrader progressivement. Le choix s’est porté sur le miscanthus – plante invulnérable aux maladies et aux ravageurs – formidable refuge pour les oiseaux et les petits animaux. Stérile, il est non invasif et les pluies suffisent à le faire croitre. Ses racines (rhizomes) concentrent les métaux lourds et la plante dépollue ainsi progressivement les sols qu’elle occupe. Des tailles régulières seront effectuées par les services municipaux formés spécifiquement pour cette mission.

S’ajoutent à ce dispositif naturel :

  • Un système d’irrigation en boucle fermée et un bassin de récolte des eaux pluviales. Les eaux sont pompées et rejetées dans  des tuyaux en goutte-à-goutte qui prennent le relais si les pluies font défaut pour assurer un arrosage naturel du miscanthus.
  • Un dispositif de sparging/venting qui consiste à ventiler les nappes d’eau afin de  les faire remonter en surface pour qu’ils soient captés puis traités grâce à des filtres à charbon actif. Ce dispositif est voué à disparaitre à relativement court terme.

La Ville et l’EPFN réalisent des relevés analytiques pour suivre le processus de dépollution.

Un exemple national de reconversion de site

Le phytomanagement est une technique innovante en matière de reconversion de site pollué. Aussi, l’Agence de la transition écologique (ADEME) a élu lauréat le dossier de dépollution soumis par l’EPFN. Elle a décidé de cofinancer la reconversion du site et l’a même définie comme l’un des trois projets phares de 2022.

Etape 2 : un nouvel avenir pour le site

Débarrassé de son usine, le lieu offre désormais de nouvelles opportunités même si le travail de dépollution se poursuivra sur la parcelle même de l’usine. Il peut désormais être reconnecté à son environnement proche : le Jardin des plantes, la place Carnot revégétalisée en 2021, la ferme du Petit Changeons. Il ouvre un « espace nature » en cœur de ville, à proximité de la Salle Victor Hugo, lieu d’exposition et de rassemblements festifs. Il offre enfin un nouveau belvédère à Avranches, à l’instar du square Becket ou de celui du Jardin des Plantes. C’est aussi potentiellement un lieu pédagogique sur la gestion de la pollution souterraine.

La ville d’Avranches a mandaté l’atelier de paysage et d’urbanisme Zenobia afin de réfléchir au devenir du site, avec le groupe Micro Humus et Inge Infra. Un objectif : ouvrir le site sur la ville, tout en tenant compte de son historique, et valoriser son modèle de reconversion.

Cette réflexion aboutit aujourd’hui à un plan d’aménagement organisé autour d’un grand escalier et d’un talus aménagé en gradins. L’idée est de réaliser un lieu de contemplation et de déambulation dans un prolongement contemporain du Jardin des Plantes. La palette végétale maitrisée permettra de masquer la plantation de miscanthus, lieu totalement inaccessible au public pour plusieurs décennies. Sur le talus, enrochement, assises en pierre ou en bois, jeux, gradins agrémenteront la promenade.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Devant la salle des fêtes, aménagée en pente douce, le lieu se transforme en un amphithéâtre verdoyant face à la baie. Le dénivelé devient un parcours ouvert à tous : aux familles avec poussettes, aux séniors, aux personnes à mobilité réduite, mais aussi aux touristes.

La route en contrebas du talus se verra aménagée en voie partagée. Limitation de la vitesse et éléments visuels inciteront à circuler lentement dans le respect des usages des automobilistes comme des promeneurs. Le traitement de la voirie sera adapté.

« La vue sur le Mont Saint-Michel depuis la salle Victor Hugo est un bijou. Nous l’avons prise comme point de départ de cet avant-projet paysager qui transforme le site à la fois en un amphithéâtre de verdure et un nouveau belvédère sur le Mont Saint-Michel. Le talus qui sépare aujourd’hui un niveau haut (le parking de la salle Victor Hugo) d’un niveau bas (la voirie) est une contrainte que nous transformons en opportunité : nous en faisons un élément de balade, ludique et inclusif qui descend par plateaux jusqu’à la voirie » explique Mathieu Aurégan, paysagiste-concepteur en charge du projet chez Zenobia.

 

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