Habitat et urbanisme,  Travaux,  Vie municipale

Publié le lundi 18 décembre 2023

En 2021, un diagnostic préalable avait mis en évidence les vestiges d’un hypocauste romain (système de chauffage par le sol) et des restes d’enduits peints, suggérant la présence de pièces chauffées ou de bains romains. L’opération en cours livre un riche mobilier archéologique et des décors, provenant sans doute d’une maison urbaine cossue d’époque gallo-romaine.

Une luxueuse maison romaine de type domus

Les fouilles engagées depuis le début du mois confirment l’existence d’un édifice romain des Ier–IIIe siècles, matérialisé par des murs en pierre ainsi que des sols en béton de chaux. Les archéologues ont recueilli de nombreux fragments de céramiques : restes d’amphores à vin et à huile, de plats et de bols en sigillée (céramique fine de table) ainsi que des pots de stockage ou de pots à cuire en céramique commune. Ils ont également découvert de nouvelles concentrations de fragments d’enduits peints arrachés des murs au moment du démontage des édifices romains à la fin de l’Antiquité (IVe–Ve siècles). Ces morceaux d’enduits peints proviennent en majorité de panneaux verts et rouges séparés par des lignes jaune doré.
Ils permettent d’envisager ici la présence d’une maison urbaine luxueuse, sans doute une domus faisant face au forum, possédant des thermes privés et plusieurs pièces aux murs agrémentés de fresques.

Des matériaux récupérés pour faire de la chaux au Moyen Age

À l’arrière de la rue Ormond, au cœur de l’ilot et autour d’un puits condamné, on perçoit des aménagements succincts tels que des bases de murs posés sur les décombres des maisons romaines. Des traces de combustions indiquent la présence de foyers domestiques ou de fours plus conséquents, dans lesquels devaient être réduits les enduits peints romains, afin d’obtenir de la chaux. Bien que la fenêtre d’étude soit restreinte, les premiers résultats suggèrent la présence d’un habitat de la première moitié du Moyen Âge, peu développé et associé au démantèlement du bâti romain.
Enfin, plus à l’est, côté rue Dame Jeanne Destouches, la côte de profondeur des travaux a limité l’exploration des niveaux romains. Toutefois, après un léger décapage, les fouilles ont mis au jour l’emplacement d’une maison ancienne, probablement construite entre les XVIe et XVIIIe siècles.

Que deviennent les objets trouvés ?

Outre les objets déjà évoqués, les archéologues ont également découvert des pièces de monnaie en bronze et en argent, des épingles en bronze, des appliques décoratives, une agrafe à double crochet caractéristique de l’époque mérovingienne, un fragment de sceau en bronze, etc.

Tous ces trésors, appelés « vestiges mobiliers » ou « biens archéologiques mobiliers », sont conservés par l’Inrap pour un temps d’étude post-fouille afin d’être analysés sous toutes leurs coutures et jusqu’à l’élaboration du rapport d’observation (document officiel qui clôt toute opération archéologique). Suite à cela, les objets découvert sont remis État qui en assure la conservation. Deux solutions sont possibles : l’État les conserve dans ses dépôts et les met à disposition des chercheurs ou il les transfère à un musée qui souhaite en devenir acquéreur et assurer lui-même leur conservation et leur valorisation.

 

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